Le 19 mai 1978, le 2e régiment étranger de parachutistes sautait sur Kolwezi, mettant fin à des massacres de civils européens et africains. Montée dans l'urgence, lancée sur l'ancien Zaïre, cette opération est l'une des victoires les plus emblématiques de l'armée française contemporaine.
Le samedi 13 mai 1978, des
nouvelles alarmantes parviennent du Zaïre, l'actuelle République démocratique
du Congo.
Dans la province du Shaba, l'ex-Katanga, des bataillons de «Gendarmes», rebelles originaires de cette région du sud du pays et entraînés en Angola par des conseillers cubains et est-allemands, ont franchi la frontière et se sont emparées par surprise de la ville de Kolwezi.
Quelque 2500 Européens, en majorité des employés de la Gécamines, la société qui exploite les riches mines de cuivre et de cobalt de la région, et leurs familles, sont pris en otage ; plus d'une centaine sont massacrés.
Dans la province du Shaba, l'ex-Katanga, des bataillons de «Gendarmes», rebelles originaires de cette région du sud du pays et entraînés en Angola par des conseillers cubains et est-allemands, ont franchi la frontière et se sont emparées par surprise de la ville de Kolwezi.
Quelque 2500 Européens, en majorité des employés de la Gécamines, la société qui exploite les riches mines de cuivre et de cobalt de la région, et leurs familles, sont pris en otage ; plus d'une centaine sont massacrés.
Des rebelles ex-katangais préparent un coup de force contre le Shaba dont le cuivre fournit près des 2/3 des revenus du Zaïre. En mai 1978, ils s’infiltrent à partir de la Zambie et le 13 mai, 3 500 Tigres-commandos de Mbumba s’emparent de l’aérodrome de Kengere, coupant les communications de la cité minière de Kolwezi.
Cette ville de 40 Km²et de 100
000 âmes dispose d’un aérodrome et d’une station radio. Divisée en quartiers identifiables
- vieille ville à l’Ouest, ville européenne à l’Est, Manika au Sud-est -
Kolwezi possède un hôpital et un lycée.
3 000 occidentaux travaillent
pour la Société Générale des Carrières et des Mines. A l’arrivée de rebelles,
les forces zaïroises l’abandonnent. Des habitants sont abattus, d’autres pris
en otage. L’ambassade de France à Kinshasa est alertée. Mobutu affirme à Paris
qu’il contrôle la situation.
Mais que veulent les rebelles ?
Piller et se retirer ou tenter un coup de force ? Mobutu semble incapable de
faire face. Des interceptions font état d’exécutions sommaires à Kolwezi.
Dès lors, comment sauver les
expatriés sans intervention militaire ? Et si l’on s’y décide, comment faire
sans heurter l’opinion internationale ? Le 14, Mbumba déclenche une offensive.
L’armée zaïroise étant en difficulté, Mobutu appelle à l’aide les occidentaux.
Le Colonel Gras (MMF au Zaïre)
suggère une opération aéroportée au gouvernement à Paris. L’accueil de
Bruxelles est réservé. Les rebelles exécutent pourtant les pro-Mobutu et les
Blancs qui refusent d’être détroussés. Terrorisées, leurs familles se terrent.
Le 15, les exactions
s’accélèrent. Le colonel Gras transmet l’ébauche d’un plan d’opération aéroportée
(OAP).
Conscient de l’impossibilité d’un
renfort après la mise à terre, il mise sur la surprise ! De toute manière, le
temps presse.
Les Belges souhaiteraient se
contenter d’évacuer les ressortissants européens. La journée s’achève sans
qu’une décision soit arrêté. On estime que plusieurs centaines de rebelles ont
déjà quitté Kolwezi. En effet, à Manika, il n’en resterait que 500 et quelques
Cubains. Le moment parait donc opportun, mais il manque le courage politique
pour lancer l’opération.
Au matin du 16, des parachutistes
zaïrois sautent sur Kolwezi, d’autres progressent depuis Lubumbashi. Si les
pertes gouvernementales sont lourdes, l’aérodrome est repris. Se croyant
attaqués par des unités aidées de soldats européens, les Tigres massacrent les
otages.
Devant l’urgence, le président
Giscard d’Estaing décide d’intervenir. La France assurera l’OAP au plus près de
Kolwezi. Puis la Belgique procédera à l’évacuation des Européens. Avec l’accord
du gouvernement zaïrois, Londres enverra en Zambie quatre avions de
ravitaillement, puis assurera le rapatriement des Britanniques.
Enfin, Washington gèrera la
logistique. L’unité française qui est en alerte Guépard est le 2e REP.
Seule unité parachutiste de la Légion, il a fait partie de la 11e DP, mais
peut aussi être engagé comme l’infanterie traditionnelle grâce à ses véhicules.
Le REP compte plus de 1 000 hommes.
Commandée par le Colonel Erulin, cette
unité professionnelle est adaptée à l’intervention. Mais il faudra
réquisitionner des avions pour aller à Kinshasa. Pour le largage, six avions
tactiques sont nécessaires ; la France n’en a que deux. Après avoir repris
Kolwezi, les Français devront rétablir la normalité au Shaba.
Le 17, le délai d’alerte du REP
passe de 72h00 à 06h00. Deux équipes du 13e RDP et une du 1er RPIMa
sont envoyées à Kolwezi pour recueillir du renseignement.
Á 20h00, le REP achève ses
perceptions ; dans la nuit du 17 au 18, son délai d’alerte est diminué de
moitié. Sans en connaître motif, il se déplace vers Solenzara.
Le 18, le général Lacaze ordonne
de délivrer Kolwezi. 4 DC-8 d’UTA et 1 du Transport Aérien Militaire emportent
les légionnaires vers Kinshasa ; un 707 d’Air France transporte le matériel.
Les perceptions commencent en
soirée et les compagnies sont briefées. Si les légionnaires ont le sentiment de
réaliser un sauvetage et s’ils sont surentraînés, peu ont une expérience
opérationnelle. En outre, les renseignements font défaut.
Les 700 hommes vont sauter à 250
m du sol sous le feu adverse.
Le 19 à 11h00, la première vague
(405 h.) embarque dans des avions de transport, un Transall et quatre C-130
zaïrois.
A 15h30, elle est larguée sur
l’aéroclub.
Les parachutistes déplorent 6
blessés. Un isolé est tué. Le regroupement effectué, ils marchent sur Kolwezi
où des charniers sont découverts.
Les clichés de Paris-Match
légitimeront l’opération. Une colonne blindée est détruite par les légionnaires
et plusieurs embuscades mettent l’ennemi en fuite.
La deuxième vague (250 h.) reçoit
l’ordre de reporter son saut à l’Est de Kolwezi. Les Français se sont emparés
des points clés, y regroupant 2 800 otages.
Le 20 à 06h30, la deuxième vague
coupe la retraite aux Tigres. Les parachutistes belges facilitent l’évacuation,
laissant le ratissage au REP.
L’après-midi, Kolwezi est
libérée.
Transportant les Européens
jusqu’à Kamina, les Belges les acheminent le 21 sur Bruxelles avec huit Boeing.
Fin juin, une force africaine
assure la relève.
Malgré la fulgurance de l’opération
« Bonite », les Tigres ont tué 700 Africains et 170 Européens.
Le REP a perdu 5 hommes, les
Belges 1, les Marocains 1.
La force d’intervention compte 20
blessés, l’armée zaïroise 14 tués et 8 blessés. 250 rebelles ont péri et 160
ont été capturés.
Les légionnaires ont détruit 4
automitrailleuses, saisi 1 000 armes légères d'infanterie (ALI),10
mitrailleuses, 38 fusils mitrailleurs (FM), 21 lance-roquettes d’origine
soviétique (RPG7), 15 mortiers et 4 canons.
Si « Bonite » fut un
succès militaire, cette opération d’évacuation inédite a provoqué des
turbulences dans une région déjà bien troublée.
Par la suite, le départ des
Européens a encouragé le pillage, et le tissu industriel s’est momentanément
désagrégé.
A ceux qui ne sont pas revenu et qui ont donné leur vie pour
pouvoir en sauver des centaines d'autres : SERGENT-CHEF DANIEL
Norbert 20/05/78, (Métal shaba) - CAPORAL-CHEF ALIOI Youcef, 27/05/78
(Likasi) - CAPORAL ARNOLD Richard 20/05/78, (Kolwezi) - CAPORAL HARTE
Jules 23/05/78, (Kolwezi) - LEGIONNAIRE 1er Classe CLEMENT Jules 23/05/78,
(Kolwezi).
Le Congo a obtenu son
indépendance de la Belgique en 1960. En 1971, Mobutu le baptise Zaïre ; la
province minière du Katanga devient le Shaba. Un accord de coopération
militaire est signé avec la France en 1974. En 1978, les deux grands
s’affrontent de manière indirecte en Afrique. Les Soviétiques y mènent une
politique de déstabilisation grâce aux troupes cubaines d’Angola.
Pour en savoir plus :
Le film "LA LEGION SAUTE SUR KOLWEZI"
La légion saute sur Kolwezi est un film français de Raoul
Coutard, sorti en 1980, relatant les opérations du sauvetage de
Kolwezi en 1978. Le film est fondé sur le livre du même titre,
de Pierre Sergent, paru en 1979
Le roman de Pierre Sergent publié en 1979.